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Lorsque Damien Navarro produit, pour une exposition à Forde en 2006, un mur de dessins abstraits où s'entremêlent des motifs géométriques empruntés à Olivier Mosset, Steven Parrino et Blinky Palermo, il ne clame aucun héritage, aucune tradition héroïque à laquelle se rattacher. Bien au contraire, ces dessins semblent le destituer d'une telle possibilité. C'est une oeuvre volontairement pauvre, qui se situe dans un après-coup, comme si les formes radicales de ses aînés avaient été évidées de tout contenu intelligible, et qu'il ne lui restait plus pour les rejouer que sa propre sphère intime. Navarro mêle également à cette histoire identitaire un deuxième récit, où il est question de sa condition de Suisse de deuxième génération, descendant d'immigrés espagnols. Aussi surprenant que cela soit pour une région aussi métissée que la nôtre, il prend là une position fort peu courante dans un milieu qui a tendance, avec toute l'hypocrisie et la fausse pudeur que l'on connaît, à être gêné par ce type d'affirmation. D'autant plus peut-être que celle-ci se tisse en filigrane dans un travail qui ne
revendique pas grand-chose, et qui donc ne peut servir d'alibi «politique» aux bien-pensants. Fabrice Stroun, «A New Spirit in Lasagnas», conversation avec Daniel Baumann dans Voici un dessin Suisse (1990-2010), Musée Jenisch, Vevey/JRP|Ringier, Zurich 2010, p. 215

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Damian Navarro