Gina Proenza, Still aus Video ‹Can’t We stop Speaking?›, 2023
Kunstbulletin: En ce début d'année, quelles sont tes questions pour l'art – pour l'art en général et pour le tien ?
Gina Proenza : Dans son recueil de textes ‹Danser au bord du monde›, Ursula K. Le Guin demande: « Nous savons où est l’avenir, devant nous, n’est-ce-pas ? » Elle décrit que chez certain.e.x.s habitant.e.x.s des Andes, le passé est devant, car c’est ce qui est connu, tandis que le futur peut être furtivement aperçu par dessus l’épaule en regardant derrière. En 2023, j’avais commencé l’année en vernissant une exposition intitulée ‹Moving Jealousy› à la Kunst Halle Sankt Gallen et sans le savoir, cette idée de déplacer des jalousies m’a accompagnée tout au long de l’année. Et en parlant de jalousies, je pense autant aux persiennes qui permettent de regarder sans être vu qu’aux émotions qu’on peut éprouver dans des relations sociales. Pour ce qui est de ce début d’année, je ne peux que regarder derrière mon épaule et – pour reprendre une expression de Donna Haraway – me demander : « Comment peut-on se positionner pour voir dans cette situation de tensions, de résonances, de transformations, de résistances, et de complicités ? »
Kunstbulletin: Quels sont à tes yeux les grands défis pour l'art, ou plutôt pour ton art, dans les mois ou années à venir ?
Proenza: Je crois que je vais continuer sur ma lancée et citer la cinéaste Trinh T. Minh-Ha, qu’on entends dire dans son premier film ‹Reassemblage› (1982) : « Je n’ai pas l’intention de parler de. Juste de parler tout près de. »
Kunstbulletin: L'art est un espace de résonance important. L'année dernière, y a-t-il eu des moments, des rencontres, des réactions où tu as perçu cela de manière particulièrement forte et où tu as puisé de l'énergie pour continuer ?
Proenza : C'est sans aucun doute le fait d'enseigner dans des écoles d'arts et d'être engagée dans la vie d'espaces d'arts indépendants qui me permet de tisser de nombreux dialogues et d'être toujours en mouvement!
à Der Dialog war Teil einer Umfrage bei ausgewählten Schweizer Kunstschaffenden zur Stimmungslage Anfang 2024. Die Rückmeldungen aller beteiligten Künstler:innen sind in Auszügen im Kunstbulletin 1-2/2024 erschienen.
