stadtlounge

Concours pour le projet 2003
Réalisation 2005 stadtlounge  / 4'571 m2 / 2011 stadtlounge II 1'711 m2

Un salon huppé: Pipilotti Rist, mondialement connue pour ses réalisations de vidéos et d’installations artistiques, a présenté en 1994 au Kunstmuseum de St-Gall pour sa première exposition individuelle un salon surdimensionné dans lequel on pouvait s’enfouir dans un canapé géant et sélectionner plusieurs de ses vidéos au moyen d’une énorme télécommande («La Chambre», 1994).

L’artiste, originaire de la vallée du Rhin, transforme un quartier entier en salon dix ans plus tard avec le concours de l’architecte Carlos Martinez. Le Bleicheli, quartier résidentiel aux ruelles étroites et aux maisons hautes, s’est transformé au fil des siècles en un quartier de banques moderne. L’équipe Rist/Martinez réagit à ce changement et inverse, grâce à son oeuvre aussi intelligente que facétieuse, le caractère du quartier: le nouveau centre bancaire se trouve animé par un salon urbain. St-Gall a accueilli ce salon urbain en 2005. Un tapis rouge de granulat de caoutchouc (utilisé pour les terrains de sport) recouvre la totalité du quartier. Il caractérise, délimite et définit le salon urbain. Des divans aux formes arrondies et des chaises informes invitent à une petite sieste au soleil. Une longue table également recouverte du revêtement rouge donne envie de s’installer à l’air libre. Des lampes géantes ovoïdes flottent par-dessus le tout et, le soir, elles baignent la zone d’une lumière chaleureuse. Le revêtement amortissant en tartan non seulement étouffe les bruits de vos propres pas (comme si l’on glissait en pantoufles dans ce salon surdimensionné), mais engloutit aussi les bruits quotidiens de la ville dans sa masse rouge. Les sons et les mouvements de la vie urbaine quotidienne disparaissent ou se métamorphosent. On est comme sur une sorte d’île (rouge), un pays de merveilles dans lequel nos perceptions habituelles ne fonctionnent plus.

Alors que Pipilotti Rist, dans nombre de ses vidéos et installations des années passées, nous a fait entrevoir des salons du monde sous forme de spectacle, elle renverse ici avec le concours de Carlos Martinez la perspective, amenant l’intérieur à l’extérieur, le privé dans le public, le salon sur la place publique. Ils font un clin d’oeil aux conventions et rompent avec les habitudes. Les meubles du salon urbain sont ainsi conçus qu’ils nous provoquent à de nouvelles attitudes et postures corporelles. Les passants sont les habitants provisoires de ce salon urbain. Ils deviennent des acteurs qui se meuvent sur le tapis rouge, entre les coulisses que Rist/Martinez ont créées dans l’espace extérieur pour des actions tantôt habituelles, tantôt surprenantes.

Photos „stadtlounge II“ Atelier Carlos Martinez / Hannes Thalmann