9e Biennale de l’Image en Mouvement

Rodney Graham · How I Became a Ramblin’ Man, 1999, installation vidéo présentée au Mamco.

Rodney Graham · How I Became a Ramblin’ Man, 1999, installation vidéo présentée au Mamco.

Emmanuelle Antille · Lee’s Season, 2001, 26 min., vidéo projetée au Centre pour l’image contemporaine

Emmanuelle Antille · Lee’s Season, 2001, 26 min., vidéo projetée au Centre pour l’image contemporaine

Fokus

En novembre le Centre pour l’image contemporaine, Saint-Gervais, organise la 9e Biennale de l’Image en Mouvement autour du thème fédérateur, «Sound System». La programmation généreuse orchestrera une compétition internationale, des projections vidéo, des films, des concerts, des performances, un séminaire et une exposition déployée à son aise au Mamco. Une occasion de découvrir les démarches qui explorent l’immensité novatrice de l’image sonore lorsqu’elle est associée à l’image visuelle, et de confirmer la nette tendance des champs artistiques à dépasser leurs frontières.

9e Biennale de l’Image en Mouvement

Lorsque l’image s’écoute

De l’écoute de l’image à la visualisation du son, le mélange des perceptions inspire de nombreux artistes. Si cette mixture du visuel et du sonore dans les œuvres qui s’écoulent dans le temps n’est pas récente et relève même du truisme, l’intérêt de cette biennale sera de confirmer un changement tangible d’une génération d’artistes à une autre? et de souligner le passage d’un univers principalement musical à un usage du son producteur d’images mentales. Le thème choisi confirme aussi une volonté affirmée du Centre pour «décloisonner les regards, créer des passerelles entre les domaines artistiques et interroger ce qui est novateur pour l’art, le cinéma, la télévision» comme l’écrivait dans le précédent catalogue son directeur, André Iten. Au cœur des événements, la pellicule défilera dans trois salles, tous les jours de 14h à 24h. Une rétrospective diffusera des œuvres qui s’inscrivent à la limite de leur propre champ: celles de Laurie Anderson, artiste dont l’essentiel du travail est le concert-performance et qui se situe à la frontière de l’art et de la musique; des films de Philippe Garrel, archétype du cinéaste romantique et solitaire; et des vidéos de Nam June Paik, avec cette année une compilation étonnante de ses performances musicales réalisée par Stephen Vitiello. Dans un esprit plus prospectif, la projection des 47 vidéos sélectionnées sur les 758 reçues pour la compétition internationale laisse présager de belles découvertes. Quant aux artistes dont le travail ne s’inscrit pas dans le cadre de la compétition, une nouvelle section intitulée «Focus» portera des coups de projecteurs bienvenus sur les œuvres significatives d’Emmanuelle Antille, l’Atlas Group (Walid Raad), Tobias Bernstrup, Alexandre Bianchini, Brice Dellsperger, Derek Jarman/Brian Eno, Sharon Lockhart, Christian Marclay, Jeff Mills et Ana Torfs. Le chef d’orchestre de cette biennale a également distribué six cartes blanches pour découvrir avec René Pulfer, des collages de «tubes» rock des années 60, avec Cristina Ricupero, des installations vidéos très sonores, et avec Stephen Vitiello, des œuvres aux b.p.m. implacables issues de la scène musicale et multimédia de New-York. Aussi dansante mais plus colorée, la sélection de Joerg Bader s’attachera à la jeune scène espagnole, tandis qu’Annette Kosak offrira un espace vivant avec vidéos, performances, diapositives et une nouvelle pièce de Liam Gillick. Enfin, Klara Wallner a centré son choix sur les œuvres de Christian Jankowski. Outre les projections, la 9e édition de cette biennale s’épanouira dans toutes les dimensions événementielles à la mode: performance de Jeff Mills et de Yan Duyvendak, concerts de Jeremy Deller et autres virtuoses audibles à l’espace attitudes. Un «VidéoLoft» offrira un lieu convivial pour voir des vidéos à la carte autour d’un bar, et le groupe Saas Fee animera un environnement multimédia très ludique. Ce joyeux tapage s’écoutera en marge des projections. Seul Larsen n’a pas été invité, même parmi les cerveaux réunis en «Workshop» pour un concert de débats sans fausses notes autour du thème «Exposer les images en mouvement», dirigés sous la baguette de Philippe Dubois. La variété la plus surprenante sera audible et visible au Mamco avec des œuvres d’Alexandre Bianchini, Pierre Bismuth, Lee Bul, Janet Cardiff & George Bures Miller, Jeremy Deller, Sam Durant, Rodney Graham, Martin Kersels, Ann Lislegaard, Christian Marclay, Eva Marisaldi, Elena Montesinos, Adrian Piper, Pipilotti Rist, Sidney Stucki et Mungo Thomson. L’exposition divulguera les plus belles capacités novatrices dans la mixture de l’image et du son. Jusqu’ici, la musique s’intégrait dans les vidéos comme bande son ou comme produit socioculturel chargé de symboles, révélateur d’une culture populaire parfois opposée à une culture légitimée. Aujourd’hui, des démarches plus contemporaines explorent la capacité imageante du sonore et le travaillent pour décupler l’imagination et exacerber les sens. Intégré dans une œuvre comme environnement ou comme protagoniste dirigeant la lecture visuelle, le son offre une immensité créatrice prometteuse dévoilée dans ces réalisations surprenantes. La démonstration sera convaincante au Mamco et résonnera dans tous les lieu investis par la biennale.


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